Ce jeudi 27 juin marquait le point de départ d'un été intense pour l'armée de l'Air. C'est en effet le lancement de la mission Pégase 2024, grand exercice de projection et de coopération avec les forces aériennes de la zone indopacifique. Cette aventure, au prisme très européen cette année, ne prendra fin que le 15 août.
Images: armée de l'Air & de l'Espace, Luftwaffe, Ejército del Aire y del Espacio.
Au moment même où l'institution célèbre au château de Versailles ses 90 ans, et alors que le pays -en plein tumulte politique- s'apprête à accueillir les Jeux Olympiques de Paris, l'armée de l'Air et de l'Espace ouvre un autre "front" en entamant un déploiement exceptionnel.
Avec le départ pour le Canada, diffusé en direct jeudi 27 juin, de quatre Rafale de la 30ème escadre de Mont-de-Marsan, c'est donc parti pour la désormais traditionnelle grande aventure estivale de l'armée de l'Air, qui marquera probablement l'intégralité de cette décennie, devant d'une part montrer les capacités de projection des forces aériennes, non plus seulement françaises mais européenne -ou devrait on dire otaniennes- sur la longueur et la durée (pour la masse, c'est autre chose), mais aussi faire un acte de présence à forte valeur diplomatique sur l'immense théâtre IndoPacifique.
Plus encore, cette édition 2024 montre à quel point ce "pivot" vers l'Asie prend pour les Européens une dimension mondiale, tant accéder aux antipodes demandent une logistique et des points d'appui reposant entièrement sur la géopolitique.
Mais comment ? Comment résumer autrement qu'en cartes le déroulement de ce qui est désormais bien plus qu'un exercice (25 pages de dossier de presse !) ?
13. C'est le nombre de pays dans lesquels l'armée de l'Air et de l'Espace va faire escale en un mois et demi. Ce qui n'était en 2018 que l'ébauche d'un déploiement pensé pour justifier la stratégie française pour l'indopacifique, a fini par devenir régulier grâce aux planificateurs, et, grande réussite, par essaimer en Europe.
En effet, la mission 2024 aura une dimension européenne particulière avec un déploiement conjoint français, espagnol et allemand, les pays du Système de combat aérien du futur SCAF (l'armée insiste sur cette donnée), qui renforceront ainsi leur capacité à se déployer ensemble, et de mieux définir leurs besoin dans le cadre du SCAF. Cette première phase a été nommée « Pacific Skies ».
Pacific Skies verra les Rafale, Eurofighter, A400M Atlas et A330 Phénix passer par l'ouest afin de rejoindre l'Alaska via le Canada. Il y participeront à l'exercice premium « Arctic Defender ».
Le 6 juillet, une nouvelle vague de départ verra Français (trois Rafale des FAS) et Britanniques prendre cette fois la route de l'Orient, destination de l’Australie pour l’exercice de très haute intensité « Pitch Black », auquel participeront 18 pays.
A noter que les Rafale se présentent sous leurs meilleurs atours, puisqu'ils iront participer à ces exercice en étant dotés de leur dernier standard 4.1. L'A400M et l'A330 MRTT, qui complètent le cryptique, permettent eux de faciliter la projection de forces avec un impact logistique jugé minimal. Au total, le dispositif français comptera sept Rafale, cinq ravitailleurs A330 MRTT et quatre A400M.
Comme je le disais, le dossier de presse fait 25 pages. Impossible de décrire toutes les étapes aujourd'hui et nous ferons donc en sorte de suivre l'actualité de la mission Pégase 2024, d'autant plus que comme d'habitude, de superbes images nous seront proposées. Nous tenons donc un dossier de l'été.
D'ailleurs, dans le même temps, nous remarquerons que ce qui est pour nos voisins allemands et espagnols une nouveauté, génère énormément d'enthousiasme au sein de leur communauté aéronautique. J'en veux pour preuve l'excitation qui régnait autour des publications de la Luftwaffe et de l'Ejercito del Aire hier sur les réseaux sociaux, au moment du départ. Cela est en sens, déjà une petite victoire pour la France, qui en associant ses partenaires à ce type de mission, cherche à diffuser sa "culture stratégique" sur le continent européen.