Quantcast
Channel: Pax Aquitania
Viewing all articles
Browse latest Browse all 1380

La production de poudre sur le point de reprendre à Eurenco Bergerac

$
0
0

Les ministres des Armées Sébastien Lecornu et de l'Économie Eric Lombard étaient jeudi dernier à Bergerac pour l'inauguration de la première ligne de production de poudre gros calibre pour système d'artillerie de l'usine Eurenco de Bergerac. Un dossier emblématique du réarmement européen initié depuis 2022. 

Source photo : ministre des Armées.


Je ne reviendrai pas ici sur le dossier Eurenco, société passée en trois ans du statut de petite entreprise de province inconnue à l'un des fers de lance du réarmement du continent européen. Car oui, c'est toute l'Europe qui semblait avoir oublié que, bien malheureusement, faire parler la poudre est l'apanage des puissances, ce que l'on a tous fait mine de (re)découvrir quand la pléthorique artillerie russe s'est mise à tonner sur le front ukrainien.  

Et si ce blog était l'un des rares médias à parler d'Eurenco avant la guerre, la situation a, comme le savez tous, bien évolué depuis. C'est même le Président de la République, il y a quasiment un an, qui posait la première pierre des nouvelles installations (15 bâtiments) inaugurées ce 20 mars 2025 par les ministres des Armées et de l'Economie. Il s'agit plus précisément de la première des quatre lignes de production à sortir de terre. Elle entrera en service d'ici l'été.  

Le contexte étant ce qu'il est, Eurenco peut voir venir, avec une décennie de commandes au carnet. L'entreprise prévoit de produire jusqu'à 1 800 tonnes de poudre par an, afin d'alimenter jusqu'à 1,2 million de charges modulaires (il faut généralement 5 charges pour tirer un obus avec un canon Caesar). L'export constitue déjà la majorité des commandes (70%), même si les clients prioritaires sont bien évidemment l'Ukraine, et la France. 

Associé à d'autres capacités françaises (comme les corps d'obus des Forges de Tarbes où la production va quadrupler, mais aussi européennes (les investissement absolument faramineux de Rheinmetall), on peut réellement dire que les choses sérieuses commencent maintenant. 
D'autres chiffres concernant les munitions et l'artillerie ?  Safran a produit 600 bombes AASM en 2024, et vise le triplement.  KNDS France sortait 2 canons Caesar par mois en 2022, c'est - désormais, et ce sera 8 courant 2024, l'objectif étant 12 finalement. MBDA a augmenté sa production de missiles Aster de 50% depuis 2022 (France, Royaume-Uni et Italie viennent de commander plus de 200 nouveaux missiles). Quant à Thales, qui a par ailleurs augmenté la production de radars, ce sont 80 000 roquettes qui sortiront des chaînes en 2026, contre 20 000 en 2023. Et l'on commence désormais aussi à évoquer les munitions de petits calibres…

Mais il y avait, jeudi 20 mars, un élément tout aussi important et structurant à signaler, que nos deux ministres ont d'ailleurs largement commenté. Ces derniers arrivaient en effet tout droit de Paris, où s'était tenue une grande et inédite conférence sur le financement de la défense (et on le précise au cas où: le financement des entreprises, pas du budget des Armées). 
Une initiative, semble-t-il, couronnée de succès et qui ne devrait pas accoucher d'une souris, au moins si l'on en croit les différences annonces (l'arrivée à la BPI et dans les banques des fameux plans d'épargne), et surtout les retours de plusieurs personnalités du monde économique, qu'ils soient entrepreneurs ou financiers. D'un coup d'un seul, la crainte mutuelle entre ces deux mondes, voire le ressentiment parfois, a disparu. Pour un temps du moins.
Le fait est que si les grands groupes n'ont pas de problème pour investir ou emprunter, ce n'est pas le cas des start-up, ou surtout des PME & ETI, notamment quand celles-ci sont sous-traitantes et ne peuvent suivre la montée en cadence demandée par les géants sans dangereusement mettre leur trésorerie en danger. L'arrivée des financeurs, soudain dévergondés (ne nous cachons pas que cela se fera probablement au détriment du "verdissement" de l'économie, le secteur des RSE risquant de tomber en décrépitude), constitue en soit bien plus qu'une bulle d'air. Une vraie rupture. 



Viewing all articles
Browse latest Browse all 1380

Trending Articles