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Rafale, Inde - 28 jours plus tard...

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Rappelez vous, le 25 janvier dernier, l'Inde et la France signaient un accord (MOU) sur la vente de 36 chasseurs Rafale, après bientôt quatre ans de négociations exclusives. Dassault Aviation publiait même un communiqué annonçant un délai de quatre semaines supplémentaires avant accord final. 28 jours plus tard, on fait le point. 

Lire sur le blog: « No deal ! » sur le Rafale indien... Mais un MOU


Voici les quatre semaines écoulées ! Quelles sont les nouvelles venant de New Delhi ?
Il semblerait que dans ce "money time", les négociateurs tentent le tout pour le tout en mettant la pression sur les français. Leur exigence ? Une facture amoindrie de 30%.

Selon un responsable indien du Ministère de la Défense, l'Inde entendrait payer au total 8 milliards d'euros pour 36 avions de combat Rafale, avec les derniers systèmes d'armes et de radars. De son côté, Dassault Aviation présenterait une note de 12 milliards d'euros.
Et ce sans parler des offsets (partages de technologie) demandés qui avoisineraient les 50%, alors que le constructeur propose 30%.

Difficile donc de dire si ces quatre semaines ont permis de réelles avancées, tant les lignes ne semblent pas avoir bougé.

En tout état de cause, il va falloir prendre une décision puisque l'Inde a cruellement besoin de renouveler sa flotte d'avions de chasse, elle qui aligne 34 escadrons alors qu'elle devrait en avoir 42.


Américains et russes à l'affût

Et tandis que ça bloque avec les français, le traditionnel - et franchement fatigant - lobbying pro-russe de la presse locale continue. C'est ainsi qu'on apprend dans le magazine de défense indien "Arming India" que l'Indian Air Force aurait lancé le processus d'acquisition portant sur une quarantaine de Sukhoï 30 russes. Alors est-ce vrai ? Si oui, une tentative de pression sur la partie française ? Quoiqu'il en soit, l'information est surprenante, les deux chasseurs ne jouant pas exactement dans la même cours, ne serait ce qu'en raison de leur gabarie...

A gauche un Rafale français, à droite des SU-30 indiens en 2014

Mais ce n'est pas tout, voilà qu'un autre acteur tente de revenir dans la partie* ! Et ce n'est pas mois que l'américain Boeing avec son F-18.
Boeing avant perdu l'appel d'offre en 2012 face à Dassault (tout comme le consortium européen Eurofighter qui n'a jamais abandonné depuis), pour le fameux contrat MMRCA qui devait concerner 126 chasseurs.

Lire aussi sur le blog: Le MMRCA est mort. Vive le MMRCA ?


Le contrat de base impliquait un fort investissement sur place, via la  politique du "Make in India". L'Inde cherche en effet à se doter d'une industrie de défense, elle qui prévoit de dépenser 150 milliards de $ pour moderniser ses forces armées au cours de la prochaine décennie.
Or, pendant le Singapour Air Show, qui vient de s'achever, Jeff Kohler ("vice president of International Sales & Marketing for Defense, Space & Security" chez Boeing) a directement chargé le français Dassault à propos du marché indien, déclarant en interview: "Si l'Inde veut relancer une économie de l'aérospatiale, voulez-vous le faire avec Dassault, dont le chiffre d'affaire avoisine les 5 milliards $, ou voulez vous le faire avec Boeing, qui est une société avec un chiffre de 97 milliards $ ?". Une démonstration de supériorité par les chiffres toute américaine ! Il a également utilisé ce même argument de la taille s'agissant du suédois Saab.

Et ce que Boeing propose, c'est bien sont FA-18 Hornett, qu'il lui faut vendre à tout prix, et qui est d'ailleurs le seul concurrent du Rafale "navalisable", c'est à dire à pouvoir éventuellement équiper un jour l'aéronavale indienne, en pleine refonte.
Le constructeur avance comme argument un prix moindre bien sûr, mais aussi l'assemblage des appareils sur place, si jamais les gouvernements américains et indiens s'entendaient sur le sujet... rappelant que c'est déjà le cas avec les hélicoptères Apache.


Un impact sur les cadences de production du Rafale ?

Actuellement l'unique chaîne d'assemblage de Mérignac se concentre sur les derniers Rafale M de la Marine Nationale, et sur les 18 Rafale restants de la commande égyptienne (l'Egypte vient de recevoir ses 4, 5, et 6ème appareils) qui devraient être livrés d’ici fin 2017. De 2018 à 2020, ce sera au Qatar de recevoir ses 24 avions.

Quid d'une seconde chaîne d'assemblage ? L'augmentation des cadences de production du Rafale est belle et bien prévue, comme nous l'avons déjà évoqué ici, mais elle ne sera effective que lors de la signature d'un nouveau contrat export. Celui-ci devrait normalement concerner ou l'Inde, ou les Emirats Arabe Unis (60 Rafale !). Alors seulement, une seconde chaîne d'assemblage pourra voir le jour à Mérignac, dans des bâtiments qui jouxtent les installations actuelles (d'ailleurs visibles depuis l’aéroport bordelais).

En réalité, quand bien même la France signerait effectivement un premier contrat Rafale très prochainement, il semblerait que nous ne soyons qu'au début de la grande bataille pour le marché indien, le plus important du monde.


*Attention en effet, il s'agirait pour la France de boucler le plus de pistes possibles en 2016, car il faut s'attendre à une forte offensive commerciale et diplomatique des USA lors du changement d'administration à la fin de l'année... sur des marchés qui semblaient délaissés sous Obama.



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