Entre 1960 et 1996, 210 essais nucléaires français ont été menés, d'abord en Algérie, puis en Polynésie française. Ces essais, déterminants dans le développement de notre doctrine de dissuasion nucléaire ont impliqué 150 000 civils et militaires. Non sans conséquences.
Lundi 22 février 2016, le Président de la République François Hollande reconnaissait devant les élus de la Polynésie française que les essais nucléaires menés sur les atolls de Moruroa et Fangataufa avaient bien eu un impact sur l’environnement ainsi que sur la santé des habitants des cinq archipels composant le territoire. Avancée significative certes, mais suffisante ?
A noter que c'était aussi la première visite d'un Président de la République en Polynésie depuis 13 ans.
La France, puissance nucléaire, puissance mondiale. Voici grossièrement l'une des principales postures stratégiques de notre pays, la force de dissuasion nucléaire étant l'ultime garante de son indépendance stratégique, de sa souveraineté.
Chère aux dirigeants français, en premier lieu bien sûr le Général de Gaulle, qui acta dès 1945 la création du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA), la politique de dissuasion nucléaire aboutit à l'explosion de la première bombe atomique française en 1960, dans le Sahara algérien. 4 essais à Reggane, puis 13 (souterrains) à In Ecker avant que la France ne quitte définitivement l'Algérie en 1966.
Et c'est en Polynésie que de 1966 et 1975, l’armée française procéda à 41 tirs atmosphériques de bombes A ou H puis à 155 tirs souterrains jusqu’en 1996.
Et c'est en Polynésie que de 1966 et 1975, l’armée française procéda à 41 tirs atmosphériques de bombes A ou H puis à 155 tirs souterrains jusqu’en 1996.
1996 oui, l'erreur politique: le 13 Juin 1995. Jacques Chirac, alors tout juste élu Président de la République, annonce avec fracas la reprise des essais nucléaires français en Polynésie, dans l'Atoll de Mururoa.
L'annonce fait scandale du côté des Etats du Pacifique, Australie et Nouvelle-Zélande en tête, tout comme chez les organisations écologiques comme Greenpeace.
L'annonce fait scandale du côté des Etats du Pacifique, Australie et Nouvelle-Zélande en tête, tout comme chez les organisations écologiques comme Greenpeace.
Finalement, le gouvernement fera cesser les essais après 6 tirs, alors que 8 avaient été annoncés. Le dernier essai nucléaire français de l'histoire aura donc eu lieu dans la nuit du 27 au 28 janvier 1996.
Je ne reviens pas plus sur l'Histoire, ni les problématiques, l'émission "C dans l'air" diffusée ce 23 février sur France 5 en offre un très juste résumé:
Le 21ème siècle: l'ère des essais simulés
À l'issue de ces essais désastreux en matière d'image, la France signera en mars 1996 le traité de Rarotonga qui crée une zone dénucléarisée dans le Pacifique Sud, puis surtout le 24 septembre 1996 le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE ou TICEN). Le traité international sera ratifié en France le 6 avril 1998 (à l'inverse des chinois ou américains entre autres).
À l'issue de ces essais désastreux en matière d'image, la France signera en mars 1996 le traité de Rarotonga qui crée une zone dénucléarisée dans le Pacifique Sud, puis surtout le 24 septembre 1996 le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE ou TICEN). Le traité international sera ratifié en France le 6 avril 1998 (à l'inverse des chinois ou américains entre autres).
Et c'est ainsi que la nouvelle zone d'essais fut désignée... la banlieue bordelaise !
Point d'inquiétude, car dès 1995, le CEA a affirmé au Président Chirac que désormais, la France pouvait sereinement se lancer dans le programme «Simulation».
Selon le CEA, "le programme Simulation vise à reproduire par le calcul les différentes phases de fonctionnement d’une arme nucléaire pour garantir ses performances sans avoir à recourir à un nouvel essai nucléaire.
Il repose d’une part sur des équipes scientifiques de haut niveau et, d’autre part, sur de grands équipements indispensables pour résoudre et valider les équations modélisant le fonctionnement des armes nucléaires : supercalculateurs, machine radiographique, laser Mégajoule".
Venons en au Laser Mégajoule donc, situé sur la commune du Barp, en Gironde. Il s'agit de l'installation majeure du programme du CEA. Il permet d'étudier, le comportement des matériaux dans des conditions extrêmes similaires à celles atteintes lors du fonctionnement d'une arme nucléaire.
Pour les connaisseurs, le LMJ est dimensionné pour délivrer sur une cible de quelques millimètres, en quelques milliardièmes de seconde, une énergie lumineuse supérieure à un million de joules. Il utilise la technique du confinement inertiel par laser pour amorcer une réaction de fusion nucléaire au sein d'une capsule de combustible de fusion.
Le hall d'expérience est une sphère de 10 m de diamètre, pesant 140 tonnes. Située au cœur de ce cheminement, cette cible bardée de capteurs pourra atteindre une température de 100 à 200 millions de kelvins (entre 373 et 473 millions de C°) et une pression de l'ordre de 1 Tbar.
La construction du LMJ a débuté en 2003, pour un coût supérieur à 7 milliards d'euros (rapport du Sénat en 2009 l'évaluait à 6,6 Mds€). Initialement prévu pour 2011, le LMJ a été inauguré par le Premier Ministre Manuel Valls fin 2014 et effectue depuis - très progressivement - ses premières expériences de physique des armes.
Programme militaire, ses retombées dans le civil seront néanmoins considérables, dans la tradition historique de la recherche nucléaire française. La mise en place du pôle de compétitivité bordelais "La Route des Lasers" en est un exemple supplémentaire.
La France est le seul pays au monde aujourd'hui avec les USA à savoir simuler ses essais nucléaires. Le dernier essai nucléaire connu a été réalisé par la Corée du Nord, le 6 janvier 2016.
Sources photos et schémas: INA, CEA.