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La flotte actuelle de lanceurs Arianespace/ Source CNES |
La commissaire européenne chargée de la Concurrence, Margherete Vestager, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur le rachat d’Arianespace par Airbus Safran Launchers. Une manœuvre de la Commission certes légitime, mais aussi risquée.
La Commission européenne a officiellement lancé vendredi 26 février une enquête approfondie au sujet du projet d’acquisition d’Arianespace par la joint-venture entre Airbus et Safran, « Airbus Safran Launchers » (ASL).
Le problème viendrait justement de cette acquisition, qui doit respecter des normes strictes en terme de concurrence. Et c'est au niveau de l'innovation et de la compétitivité de l'industrie spatiale européenne que ça bloque. Pour Margrethe Vestager, commissaire (danoise) à la Concurrence, la Commission « doit s’assurer que tous les acteurs de l’industrie spatiale vont continuer à avoir de fortes incitations à l’innovation ».
Trois points en particulier sont au centre des inquiétudes pour Bruxelles:
- La nouvelle proximité d'Arianespace avec l'un de ses clients sur le marché des satellites, qui n'est autre qu'Airbus.
- La concurrence entre les fournisseurs de lanceurs Arianespace, l'italien ELV qui fabrique la fusée Vega, RKTS Progress et son Soyouz russe, et donc ASL avec la fameuse Ariane.
- Le dernier point concerne les sous-systèmes, où là encore, ASL est positionné.
Il s'agit là de la phase 2 de l'investigation, la Commission ayant déjà ouvert ce dossier depuis le 8 janvier dernier, et n'ayant pas été rassurée par les premiers éléments. Elle dispose maintenant de 90 jours ouvrables (juillet 2016) pour trancher entre la validation ou l’opposition du rachat d'Arianespace par ASL.
Alors pourquoi est ce maladroit, voire risqué ? Il est certes légitime pour une autorité de la concurrence de veiller au bon déroulement des choses, mais faire peser un tel doute sur un secteur aussi stratégique pour l'Europe que le spatial semble relever du mauvais calcul politique.
La forte intégration dont bénéficie le domaine aérospatial européen, fruit de plusieurs décennies, est justement une force. Pour imager, cela est comme si la Commission ne voyait que le verre à moitié vide. Elle communique au secteur ses doutes, alors qu'en pleine gestation du déterminant programme Ariane 6, les européens seraient plutôt en droit de recevoir des preuves de confiance...
Et pendant ce temps, là où la concurrence est la plus agressive, aux USA, on ne s'embarrasse pas vraiment de ces questions. Il n'y a qu'à constater le flux ininterrompu de subventions publiques qui abreuvent le secteur des lanceurs spatiaux privés comme SpaceX.
Dès la publication du communiqué à Bruxelles, Airbus a d'ailleurs réagi en rappelant cette chose importante: « La compétition n’est pas intra-européenne, mais mondiale ».
Et pendant ce temps, là où la concurrence est la plus agressive, aux USA, on ne s'embarrasse pas vraiment de ces questions. Il n'y a qu'à constater le flux ininterrompu de subventions publiques qui abreuvent le secteur des lanceurs spatiaux privés comme SpaceX.
Dès la publication du communiqué à Bruxelles, Airbus a d'ailleurs réagi en rappelant cette chose importante: « La compétition n’est pas intra-européenne, mais mondiale ».
Espace: la coopération CNES/ONERA affiche un bilan très positif
Mais revenons en France. Le CNES (agence spatiale nationale) et l’ONERA (agence de recherche aérospatiale - avec une grosse part de militaire), partenaires historiques dans le domaine de la recherche spatiale, mobilisent leurs forces et leurs compétences pour traiter les nouveaux enjeux du secteur spatial, lanceurs et satellites.
Les deux organismes ont mis en place en 2015 un accord-cadre mis en place en 2015 et annoncé dans la foulée le lancement de pas moins de 10 Programmes d’Intérêt Commun (PIC), 7 pour les lanceurs et 3 pour les systèmes orbitaux.
Les deux organismes ont mis en place en 2015 un accord-cadre mis en place en 2015 et annoncé dans la foulée le lancement de pas moins de 10 Programmes d’Intérêt Commun (PIC), 7 pour les lanceurs et 3 pour les systèmes orbitaux.
Evidemment, et comme je l'indiquais plus haut, face à la compétition internationale qui se joue dans les domaines du spatial, le salut viendra de la recherche et de l’innovation, garants de la compétitivité de l’industrie spatiale française et européenne...
Et je cite ici le communiqué commun du 22 février:
Les 7 PIC dans le domaine des lanceurs traitent des thématiques liées à la propulsion liquide cryogénique, à la propulsion solide (compréhension et maîtrise des oscillations de poussée), aux ergols « verts » et autres thématiques telles que le pilotage des lanceurs, la simulation numérique du bruit de jet lanceur ou encore les outils d’aide à la sélection, la conception et le dimensionnement de structures composites.
Les 3 PIC dans le domaine des systèmes orbitaux répondent également au besoin d’optimiser leurs performances, tout en contrôlant et maîtrisant l’environnement dans lequel ils évoluent. Les travaux portent sur l’aérothermodynamique pour la problématique de la rentrée des débris, la commande des systèmes orbitaux et robotiques pour les concepts d’agilité et de souplesse et la propagation électromagnétique radiofréquence.
Par ailleurs, les études préliminaires lancées en 2015 sur les lanceurs réutilisables se déroulant de façon très satisfaisante, la coopération dans ce domaine va monter en puissance pour déboucher sur la signature d’un nouveau PIC en 2016.
Une réunion du Comité de Pilotage réunissant les Présidents des deux organismes, a permis de passer en revue toutes ces initiatives et de mesurer leur état d’avancement, ainsi que celle du prochain satellite du CNES, MICROSCOPE, qui sera lancé en avril et pour lequel l’ONERA est le Principal Investigator et maître d’œuvre du centre de mission scientifique.
Pour finir, deux conférences bordelaises sur le thème du spatial en mars:
- Le 8 mars à 18H, par 3AF: