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L'opération Sangaris en RCA cessera en 2016

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Un point OPEX aujourd'hui avec une information majeure, puisque nous apprenons de la bouche du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian que l'opération Sangaris en République Centrafricaine prendra fin en 2016.

Le ministre français de la Défense était en visite à Bangui, capitale de la RCA ce mercredi 30 mars pour la cérémonie d'investiture du nouveau président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, élu le 14 février dernier. 
Et c'est devant les forces françaises stationnées à l'aéroport M'Poko que Jean-Yves Le Drian a annoncé la fin pour cette année 2016 l'opération militaire Sangaris, opération extérieure française débutée en décembre 2013 et mobilisant jusqu'à 2500 soldats au plus fort de la crise intercommunautaires qui secoua ce pays.

« En l’espace de deux années, l’armée française a réussi à remplir l’ensemble des objectifs qui lui avaient été assignés. (...) Elle s’apprête à transmettre à la Minusca (NDA: la force des Nations Unies), ainsi qu’à la future mission européenne EUTM RCA, une situation stabilisée avec une transition politique réussie. Et c’est une évidence, il faut savoir avoir la réactivité d’ouvrir une opération extérieure, il faut aussi savoir fermer une opération extérieure. C’est donc avec la satisfaction du devoir accompli », a déclaré JYLD. 
Et de reconnaître ensuite: « Bien sûr tout n'est pas résolu, mais nous voyons enfin le pays sortir d'une longue période de troubles et d'incertitudes ».

Sangaris fut lancée en décembre 2013, alors que la RCA était largement déstabilisée par les affrontements entre chrétiens et musulmans. L'opération avait alors trois objectifs:
  • instaurer un minimum de sécurité, 
  • permettre l'acheminement de l'aide humanitaire;
  • permettre à la mission africaine d'intervenir et mettre en place un processus démocratique.
 ADJ Mathieu Lamouliatte 1er prix Sergent Vermeille 2015, "photographe du ministère de la Défense"

Dès le départ, les décideurs ont très maladroitement avancé une durée de six mois, dans le but de rassurer... Tant Bercy qui entendait serrer la vis budgétaire que l'Etat Major des armées qui commençait déjà à craindre l’essoufflement de ses moyens (à peine le désengagement d'Afghanistan terminée et Serval lancée au Mali).
Mais dès le mois de décembre 2013 pourtant, le général Vincent Desportes avait prévenu des difficultés à venir sur RFI: « C’est une mission beaucoup plus compliquée que celle du Mali, où les forces armées françaises avaient la mission simple, ou au moins claire, de détruire un adversaire parfaitement identifié et identifiable. Là, il s’agit de s’interposer entre des factions. Donc, nous n’avons pas à détruire, nous n’avons pas d’adversaire. Le seul adversaire, ce sont les désordres et les massacres. »

Et si Sangaris est demeurée une opération de moindre envergure (coût annuel d'environ 100 M€) en comparaison de ses contemporaines Barkhane et Chammal, elle a des conséquences néfastes assez disproportionnées, quoique malheureusement inhérentes aux OMP.
En effet, outre le fait qu'elle consomme des personnels et matériels nécessaires à la lutte anti-terroristes, Sangaris restera marquée par des "affaires". On en retiendra principalement deux:

Des événements aux retombées désastreuses sur l'image de l'armée ou le moral des troupes. Et comme je le disais, disproportionnées pour une mission d'interposition et non de guerre. Il est peut-être donc en effet venu le temps de rentrer à la maison.


Pas encore de calendrier de retrait, mais l'actuel contingent de 900 hommes sera progressivement réduit durant l'année. La France continuera néanmoins d’assurer la sécurité de l'aéroport. Trois soldats français ont perdu la vie durant cette opération.




Crédits photos: Ministère de la Défense; photo en Une Edouard Elias, Prix Rémi Ochlik 2015.



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