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Imaginons les armées françaises de 2050 - 2/ Vecteurs

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I/ Imaginons les armées françaises de 2050 - Armement
II/ Imaginons les armées françaises de 2050 - Vecteurs

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Deuxième partie de notre dossier estival sur ce que pourrait être l'armée française, ou plus précisément celle de 2050. Une date qui n'est pas choisie au hasard, car elle verra d'une part les matériels les plus modernes d'aujourd’hui partir à la retraite, et une nouvelle génération entrer en service, qui elle est déjà en réflexion.
Dans ce second volet, il sera donc question des véhicules. Par quoi donc seront remplacés nos avions de chasse, navires de combat, chars ou hélicoptères ?

Pour ce faire, le panel de pistes étant assez large, nous procéderons en partant du ciel pour aller vers le sol, jusqu'au niveau de la mer. Il était prévu à la base d'évoquer l'espace comme nouveau champ de bataille, mais après réflexion, ce sujet méritera son "épisode bonus".

Et comme désiré, nous tenterons de ne pas nous éloigner de concepts existants, tout exercice de prospective se devant de respecter un minimum de crédibilité.


Le maître du ciel, le chasseur de 6ème génération

Concept de chasseur de 6ème génération présenté par Boeing

Alors que la cinquième génération d'avions de combat n'est même pas au point (F-35 bien sûr, mais on parle moins des gros problèmes et retards du T-50 russe) et se révèle extrêmement onéreuse, les laboratoires et cabinets réfléchissent bien entendu déjà à ce que sera la génération suivante. Deux géants américains, Boeing, et Northrop Grumman ont même déjà dévoilé des concepts pour imager quelle était leur conception du chasseur de 2050.

Pour résumer, on prend comme base les F-22 et F-35, tout en épurant toujours plus le fuselage, et en augmentant leurs capacités de guerre électroniques.
A noter que dans chaque concept, la dérive des appareils disparaît, tout comme l'empennage parfois. Nous sommes devant des ailes volantes. Un design qui trahit un mode de pensée. Pour les industriels américains, la maniabilité ne sera plus un facteur déterminant, tandis que furtivité, autonomie, ou électronique (cyber warfare) seront les pierres angulaires des opérations aériennes de demain.

Outre l'armement conventionnel bien caché sous le fuselage (problème: le faible emport), il est maintenant prévu d'équiper ces appareils de lasers offensifs capables de griller l’électronique d'un missile, d'un drone... et pourquoi pas d'un avion.

Le concept de Northrop Grumman

Pour l’Europe, l'étape de la 5ème génération va être sautée - même si le F-35 sera en service dans plusieurs pays, il est avant tout américain - et il s'agira bientôt de se pencher sur l'avion de combat de 6ème génération. Et l'on compte pour cela sur les deux leaders militaires du continent, la France et la Grande-Bretagne.

Dassault Aviation, BAE Systems, les groupes Safran ou Thales, Airbus, commencent déjà à réfléchir avec un appui conséquent des grands Etats européens. France et Royaume-Uni (le Brexit n'influe pas vraiment, ou pas encore) donc, mais aussi l'Allemagne qui aimerait ouvrir la voie pour un avion léger. N'oublions pas la Suède qui ne pourra persister seule avec son Gripen (Saab) mais qui devra garder ses savoirs faire, ou encore l'Espagne et l'Italie qui ont participé au programme NEURON de Dassault Aviation.
Il était prévu au début des années 80 de faire un avion européen. Mais les dissensions ont amené à la fabrication de deux appareils: le Rafale en France, et l'Eurofighter Typhoon chez les partenaires européens. Et si notre Rafale est une superbe réussite, on ne pourra que déplorer que ces deux chasseurs de génération "4++" se fassent encore et toujours concurrence sur les marchés extérieurs.

Seulement voilà, les coûts de développement devraient atteindre de tels sommets - possiblement 10x le programme Rafale - à l'avenir qu'il est désormais inenvisageable de faire cavalier seul. C'est pourquoi il faudra nécessairement constituer un consortium pour réunir les principaux acteurs de l'industrie de l'aéronautique militaire européenne, avec un trio de tête constitué de BAE, Airbus et Dassault.

Surtout, il faudra ABSOLUMENT éviter les écueils connus sur les grands programmes d'armement communs que sont NH90, Eurofighter, et A400M...

Dans ce but, français et britanniques se sont lancés ensemble dans un projet de moindre envergure, mais tout aussi déterminant, un projet qui laisser augurer de l'avion européen de 2050, le drone de combat !

Le FCAS franco-britannique devrait intégrer les forces aériennes vers 2030





















En effet, réunis depuis 2010 et les accords de Lancaster House, la France et la Grande-Bretagne comptent bien s'emparer pour de bon du leadership industriel européen.
Aussi, avec Dassault Aviation et BAE Systems en maître d'oeuvre, mais également les motoristes Rolls-Royce et Safran, ainsi que Thales et Selex UK pour l'électronique, les gouvernements de deux pays financent le développent du FCAS, ou Future Combat Air System.

Il s'agit là d'un futur drone de combat furtif prévu pour accompagner les flottes de Rafale et de Typhoon à l'horizon 2030. Après les études préparatoires, la deuxième phase du projet est lancée depuis mars 2016, et consiste dans le développement d'un démonstrateur évalué à 2 milliards d'euros.

Outre l'utilité stratégique de ce drone de combat, ce projet porte une grande symbolique, mais aussi une très grande pertinence en ouvrant magistralement la voie à l'avion européen de demain. 

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Le convertible, ou l'avenir des voilures tournantes ?

Concept de convertible quadri-rotor pour le film "Edge of Tomorrow" (Warner)

ADAV, Tiltrotor, convertible, hybride... appelez le comme vous désirez, mais ce type d'appareil semble bien avoir les faveurs du monde aéronautique !

Nous parlions sur ce blog récemment du V-22 Osprey, déjà en service dans les armées américaines, et notamment de ses avantages tactiques, en premier lieu la vitesse. Une technologie de mieux en mieux maîtrisée qui amènera bientôt à la prochaine étape avec celui que l'on annonce comme le remplaçant du mythique Blackhawk, le V-280 "Valor" de Bell.
Il s'agit là d'un modèle presque hybride entre le Blackhawk et le le V-22 Osprey, à la différence que celui ci n'aura pas de moteurs rotatifs, seulement ses hélices. Un facteur d'instabilité et de dangerosité en moins.
On nous promet chez l'industriel une formidable autonomie de 2000 nautiques (3700 km !) et il faut imaginer le V-280 équipé de nacelles de carburant ou de roquettes. Il disposera également d'armements de sabord, probablement de type M-134. Le seul problème pourrait résider dans sa très grande envergure en comparaison d'un hélicoptère classique.

Aussi sur le blog: Des V-22 Osprey américains dans le ciel aquitain !



Premier vol prévu en 2017. La même année devrait apparaître son principal concurrent sur ce marché faramineux, le SB-1 "Defiant" de Sikorsky et Boeing.

Le V-280 "Valor" présenté par Bell au salon de Farnborough en juin 2016

Comme d’habitude dans ce dossier, après avoir examiner les projets américains déjà rendus publics, penchons nous sur la France et l'Europe.

L'Europe, qui a inauguré au début de cette décennie son plus important programme de recherche aéronautique jamais lancé avec Clean Sky 2. Quatre milliards d'euros  entre 2014 et 2024, et pas moins de 54 industriels participants, les grands leaders comme des PME.

Si Clean Sky 2 concerne le développement de nombreuses technologies d'avenir, le projet phare est le successeur du démonstrateur X3 d'Airbus HC, un hélicoptère hybride dont vous voyez ci-dessous toutes les déclinaisons civiles imaginées. De son côté AgustaWestland travaille sur un équivalent européen du V-22, l'AW-609, qui lui vole déjà.





Un mot sur les hélicoptères lourds pour finir. J'ai illustré cet article avec des modèles imaginaires de quadrirotors convertibles. Une hypothèse pas si farfelue que cela si l'on se projette dans plus d'une trentaine d'années. On sait en effet, que, du moins aux Etats-Unis, ces projets sont à l'étude pour la succession du CH-47 Chinook, nous montrant bien qu’outre-manche, on croit dur comme fer à l'avenir des voilures tournantes convertibles.
En France il sera nécessaire un jour de franchir le pas afin d'acquérir enfin des capacités de transport tactique lourd, qui manquent aujourd'hui cruellement.

*La photo en Une est un artwork préparatoire du film de science-fiction "Edge of Tomorrow" (Warner Bros). On y voit des hélicoptères Tigre contemporains y côtoyer de futuristes quadricoptères convertibles, comme c'est le cas dans le long-métrage.
S'agissant des hélicoptères d'attaque justement, rien de nouveau depuis l'échec du programme Commanche en 2004.

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Au sol,  l'alliance du blindage et de la mobilité

Un étonnant concept de char venu d’Israël. Notez la présence d'un canon "Railgun"

Deux enseignements ont été tirés depuis le début du 21ème siècle au sujet des véhicules blindés, de toute type, de toute taille:

  • d'une part, il a considérablement fallu renforcer les blindages face aux armes anti-chars modernes de l'infanterie, ainsi qu'aux charges explosives de types IED qui ont presque remplacé les mines dans les conflits asymétriques...
  • d'autre part, face à des ennemis pratiquant des techniques de guérillas, de harcèlement, et tentant de façon quasi systématique de vous isoler et vous ralentir, la mobilité des véhicules est devenue un facteur clé.
Les chars premièrement. Les conflits récents nous ont montré que leur emploi était rendu de plus en plus compliqué, en zone urbaine oui, mais pas seulement.
Si en 2003 les pelotons de chars M1A1 Abrams de l'US Army ont presque à eux seuls fait tomber la soit-disant imprenable Badgad, l'armée américaine les a relativement vite retiré des opérations pendant la période d'occupation/administration de l'Irak, ceux-ci, trop statiques, devenant des cibles de choix pour les insurgés.

Autres exemples:
  • en 2011, les chars libyens du régime de Kadhafi feront des cibles sans défense pour l'aviation occidentale aux premières heures de l'intervention avant de devoir rester cachés en zones urbaines;
  • 2014 en Ukraine, l'armée régulière connaîtra des pertes considérables lors de ses offensives blindées, face à des séparatistes armés officieusement par la Russie;
  • en Syrie, le groupe Etat Islamique (entre autres) résiste farouchement aux assauts blindés, grâce à des défenses parfois modernes, parfois rudimentaires mais radicales comme le kamikaze.

Vous le comprendrez, si le char vit aujourd'hui une époque difficile, c'est en raison de la nature même des conflits, la machine étant conçu pour des affrontements massifs et frontaux. Des guerres entre Etats, qui n'ont pour autant pas disparu (cf 2008 Russie vs Géorgie).

Le défi pour la France - qui n'a récemment envoyé ses Leclerc qu'en Opération de maintien de la paix au Liban - ou tout autre puissance militaire sera donc de repenser l'emploi du char au 21ème siècle, défi qui sera confié à la nouvelle alliance entre le français Nexter et l'allemand KMW.

Il faudra donc concevoir un char lourd très mobile (on garde les chenilles ?) et rapide, avec un châssis permettant d’accueillir plusieurs configurations d'armement, une tourelle entièrement automatisée, et bien sûr un blindage à toute épreuve avec des systèmes de détection de tirs et d'interception dernier cri.
Le tout nouveau char russe T-14 Armata nous donne en cela quelques pistes.

Le C.R.A.B. de Panhard tel que présenté en 2012

Les blindés plus légers maintenant, de reconnaissance, d'attaque, ou transports de troupes. Ici, la roue est sortie grande gagnante depuis quelques années déjà. Nous avons ou sommes sur le point d'avoir des véhicules puissants, très mobiles (le franchissement est une qualité recherchée), et surtout protégés du châssis au toit, y compris sur leur(s) tourelle(s) aujourd'hui toutes télé-opérées depuis un poste de commande dans l'habitacle. Ce sera le cas des véhicules français du programme SCORPION, le Griffon et le Jaguar.

J'ai aussi retenu ici en particulier le concept du CRAB (Combat Reconnaissance Armoured Buggy) de Panhard qui allie rapidité et puissance de feu. L'idée date de 2011 mais la DGA n'a pas cherché à l’approfondir depuis à ma connaissance. Le concept était particulièrement innovant.

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L'océan, cet enjeu de puissance

Le premier destroyer furtif de classe Zumwalt vient d'être mis à l'eau par l'US Navy

Il me faut avouer qu'il est plus difficile de prédire à quoi ressembleront les marines de demain, en raison notamment du fait que l'actuelle génération qui entre en service, ou le fera bientôt, apporte d'importantes innovations, sans toutefois proposer LA rupture technologique et stratégique.
Ainsi nous allons nous retrouver en France avec des frégates FREMM (multi-missions) et futures FTI (frégate de taille intermédiaire) particulièrement modernes, des sous-marins nucléaires toujours plus performants, et un porte-avion Charles de Gaulle remis à jour dès l'année prochaine.

Qu'attendre alors ? Sachant que les espaces maritimes du globe sont déjà un enjeu (arctique, Mer de Chine... Méditerranée ?) de premier ordre, et que la France possède le deuxième espace mondial en la matière grâce à ses ZEE, il s'agira de pouvoir rester crédible. Et pour seconder des flottes plus modernes mais surtout réduites, pourquoi ne pas compter sur les drones, ou plus exactement sur les systèmes autonomes ? Des machines qui surveilleraient ces immenses espaces pour nous.
Pourquoi pas surtout construire un second porte-avions ? Un projet lâché à la fin des années 2010 qui devrait revenir sur la table avant 2030, dans le but de venir seconder un Charles de Gaulle qui sera presque en fin de vie. 

Sur le blog: Défendre sa ZEE. Et si les systèmes autonomes étaient la solution ?



Mais une question finale se pose ? A quoi bon persister à employer des porte-avions si l'avenir de l'aviation est confiée à des chasseurs ou drones supersoniques et endurants, qui pourraient un jour éventuellement faire le tour du monde sans jamais se poser ? 
Nous avons tout simplement besoin du porte-avions comme instrument de puissance. De puissance militaire oui car de projection, mais aussi de puissance diplomatique. Employer son (ou ses) porte-avions, c'est utiliser l'une de ses cartes maîtresses. Il ne faut pas s'y tromper quand nous voyons des pays comme le Brésil, l'Inde, la Russie ou bien sûr la Chine vouloir chacun se doter d'une force aéronavale à leur échelle.

Alors comment armer notre navire amiral ? La nouvelle classe américaine de porte-avions, dont le premier exemplaire, l'USS Gerald Ford (à 13 milliards de $ tout de même) est en phase d'essais nous informe sur certains choix d'avenir: un système d'autodéfense ultramoderne, une production d'électricité impressionnante, un pont d'envol plus important - les avions sont de plus en plus lourds - doté d'une catapulte électro-magnétique, ou encore un niveau d'automatisation permettant la réduction de l'équipage ( -700 marins !). 


Il est temps de conclure cette deuxième partie ! Un menu plutôt conséquent, mais qui pourtant est loin d'être exhaustif tant les pistes explorées en matière de véhicules militaires sont variées. On se retrouve bientôt pour une troisième partie consacrée au fantassin !



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