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La France va voler dans le ciel syrien

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Un Rafale lors d'une mission nocturne au dessus de l'Irak
Photo © Armée de l’Air

Le président de la République François Hollande a annoncé ce matin lors de sa conférence de presse semestrielle que le niveau d'engagement militaire de la France contre le groupe "Daech" allait passer à un niveau supérieur. L'opération Chammal ne sera plus limitée au territoire irakien, et comprendra donc la Syrie. En revanche, pas de troupes au sol.

Dès demain, mardi 8 septembre 2015, et donc un peu plus d'un an après le début des opérations, des vols de reconnaissance auront lieu au dessus du territoire syrien contrôlé par le groupe terroriste Etat Islamique. Des reconnaissances qui précéderont des frappes, a annoncé le Président.

L'argument principal de François Hollande est que Daech n'est pas contrôlé depuis l'Irak, mais depuis la Syrie: « C'est depuis la Syrie que sont organisées des attaques contre plusieurs pays, et notamment le nôtre. (...) Aujourd'hui en Syrie, ce que nous voulons, c'est connaître, savoir ce qui se prépare contre nous et ce qui se fait contre la population syrienne ».
Alors pourquoi faire de la reconnaissance quand une partie des alliés vole déjà au dessus de la Syrie depuis plus d'un an ? Le partage d'informations n'est-il pas efficace ? Selon François Hollande toujours, l'idée est « d'envisager des frappes contre Daech en préservant notre autonomie de décision et d'action ». La sacro-sainte indépendance stratégique française donc; ou de la communication c'est selon.

En tout état de cause, il est peu probable que cela implique un renforcement des effectifs. La France base des Mirage en Jordanie (et un ATL-2), des Rafale aux EAU, et le porte-avions devrait se rendre prochainement sur zone pour la seconde fois. Le souci comme à l'habitude, viendra des ravitailleurs.

La question que l'on doit se poser maintenant est de savoir si cette "extension" de Chammal était prévue de longue date, ou si elle répond à la crise des migrants qui secoue l'Europe... autrement dit, anticipation ou réaction ? Je vous en laisse juge. 




Pas de troupes au sol

Réaction toujours. On entend depuis quelques jours des voix qui appellent  à une intervention au sol - étrangement après la sortie d'une enquête d'opinion qui montre que les français y seraient favorables - contre Daech. 
Une hypothèse jugée « irréaliste » par François Hollande: « Je considère qu'il serait inconséquent et irréaliste d'envoyer des troupes françaises en Syrie au sol. Irréaliste parce que nous serions les seuls, inconséquent parce que ce serait transformer une opération en force d'occupation. Donc nous ne ferons pas d'intervention au sol, pas plus d'ailleurs que nous n'en faisons en Irak. (...) En Irak, c'est aux Irakiens de mener ces opérations, et en Syrie c'est aux Syriens qui sont dans la rébellion, c'est aussi aux pays voisins, aux forces régionales, de prendre leurs responsabilités. »

Avant de s'en prendre à l'opposition, Xavier Bertrand ou Bruno Lemaire plaidant lourdement pour cette solution: « Certains nous disent, pris par je ne sais quel empressement, que maintenant il faudrait intervenir au sol en Syrie. Les mêmes d'ailleurs qui étaient hostiles dans d'autres conditions à toute intervention où que ce soit » a donc surenchéri François Hollande.

La conférence terminée, les "Républicains" campent sur leur position. C'est le cas de Jean François Lamour pour qui « l’hypothèse d’une intervention terrestre semble inéluctable, dans le cadre d'une solution internationale globale qui inclurait notamment l'Iran et la Russie, et ferait l’objet d’un mandat clair de l’ONU. »
Non loin du débat, le candidat aux primaires Alain Juppé était de son côté dans sa ville de Bordeaux à l'occasion d'un rassemblement de soutien aux chrétiens d'orient.

Quoiqu'il en soit, nous sommes ici selon moi devant un débat franco/français stérile: 
  • Premièrement, car se lancer dans une guerre au sol contre Daech a absolument tout du piège. Les risques sont immenses et multiples.
  • Deuxièmement, voler en Syrie n'est pas une promenade de santé. C'est faire face à la défense anti-aérienne du régime d'Assad, et au risque d'avoir un pilote capturé, comme en ont amèrement fait l'expérience les jordaniens. En outre, nous disposons déjà au sol de formateurs (Irak), de CPA (Jordanie) spécialisés dans la "search & rescue" des pilotes, et à coup sûr de forces spéciales (probablement en Syrie même).
  • Troisièmement, nous n'en avons tout simplement pas les moyens, ce qui a le mérite de clore purement et simplement la question. La France mène déjà un effort de guerre contre le terrorisme assez conséquent, tant au Sahel (avec 4000H) que sur le territoire national avec l'opération Sentinelle. Les équipements souffrent, les hommes surtout. Pour une puissance moyenne* comme la France, nous sommes là au maximum des capacités. Il faudra pour nos dirigeants l'accepter et de ce fait savoir raison garder.

Enfin, un simple rappel: l'expédition et l'occupation irakienne des USA aura coûté en quasiment une décennie 3000 milliards de $, soit le PIB de la France...


*En se basant sur la dernière décennie, la France sera quand même intervenue dans 5 pays du Sahel (Mali principalement), en RCA, en Afghanistan, en Libye, en Irak + Syrie, contre la piraterie en Somalie, sans compter un fort contingent de la FINUL (ONU) au Liban.



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