Du 12 au 28 avril 2017, les pilotes de chasse américains, britanniques et français s’entraînent ensemble sur la base aérienne de Langley (État de Virginie, USA). Rafale, Eurofighter Typhoon et F-22 Raptor accueillent cet année un nouveau venu, le fameux F-35.
En décembre 2015, le "Trilateral Exercise" avait fait sensation dans le petit monde de l'aviation. Pour la première fois, on y voyait les trois forces aériennes les plus modernes y aligner leurs fleurons pour s'entraîner dans les conditions d'un conflit de haute intensité.
L'US Air Force accueille de nouveau l'Armée de l'air et la Royal Air Force sur la base de Langley en Virginie (cité connue pour abriter le siège de la CIA) en ce mois d'avril 2017 pour un exercice désormais nommé "Atlantic Trident". Faisant directement suite à l'exercice trilatéral organisé en décembre 2015, «Atlantic Trident» 2017 est la "traduction concrète d’un partenariat stratégique entre les armées de l’air américaine, britannique et française"selon le communiqué du Ministère français de la Défense.
Six Rafale, Trois monoplaces de la 30e escadre de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan (de l'escadron Normandie Niemen évidemment !) et trois biplaces de la 4e escadre de la base aérienne 113 de Saint-Dizier participent à cet exercice, accompagné d'un A400M Atlas pour la logistique. Ils ont d'ailleurs pu y croiser un autre A400M ainsi que la Patrouille de France, qui réalise actuellement son tour des USA.
Et la présence des Rafale de l'Armée de l'air n'y est pas anodine, puisque selon le général Éric Charpentier, commandant la brigade aérienne de l'aviation de chasse et directeur français de l’exercice; «Nous comptons parmi les forces aériennes majeures dans le monde, capables d’opérer sur l’ensemble du spectre des missions aériennes. Nous appartenons à un club très fermé de nations disposant d’avions de chasse figurant parmi les plus performants au monde. Grâce à leur préparation et à leur expérience opérationnelles, nos aviateurs tiennent leur rang. Aujourd’hui, nous sommes ici totalement à notre place et c’est un réel motif de fierté.»
A noter que pour l'occasion les chefs d’états-majors des trois armées de l’air étaient réunis afin d’évoquer le futur de leur partenariat stratégique, ainsi qu'un nombre inhabituel de journalistes, y compris de la presse généraliste. TF1 a par exemple diffusé un reportage ce week-end.
La haute-intensité, la vraie mission de ces pilotes
Des Rafale français donc, mais aussi les Typhoon britanniques du 1st Fighter Squadron, et les impressionnants F-22 américains du 1st Fighter Wing, comme en 2015. Avec une grande nouveauté cette fois, puisque le si moderne, mais tant décrié F-35 est présent cette année. Six F-35A Lightning de la 33rd Fighter Wing arrivent en effet d’Eglin, en Floride.
Face à ces fleurons de l'aviation mondiale réunis au sein d’une coalition amie appelée "Blue Force", des F-15 et T-38 américains jouent le rôle d'opposants au sein de la "Red Force".
Si l'exercice a débuté par une phase d'oppositions en combat à vue, appelées Basic Fighting Manoeuvers (BFM), le vrai intérêt de ce dernier réside dans son scénario de conflit fictif, durant lequel la Blue Force doit ainsi répondre aux agressions répétées de la Red Force par des missions de défense aérienne, appelées Defensive Counter Air (DCA). L’objectif final étant d’obtenir la suprématie aérienne, afin de pouvoir ensuite annihiler la menace ennemie par des raids aériens offensifs en profondeur derrière les lignes de combat.
Vous l'avez deviné, cet exercice a pour scénario une guerre entre grandes puissances. Une guerre qui semble si différente des opérations actuelles de bombardement menées par les aviations occidentales sur des théâtres de "basse intensité" comme il est maintenant la norme de les appeler, un conflit comprenant des systèmes de détection avancées, des armes anti-aériennes dernières générations, une chasse ennemie moderne et entraînée, ou des éléments de guerre électroniques.
Les avions de ce trio occidental doivent pouvoir œuvrer dans une synergie parfaite. C'est d'ailleurs ce qui explique pourquoi ces armées tentent de parvenir à une intégration maximale entre avions de 4ème (Rafale, Typhoon) et de 5e génération (F-22, F-35). Le F-35 notamment, encore tout jeune - et loin d'évoluer dans des conditions optimales - puisqu'il entre à peine en service aux USA, doit trouver sa place dans ce type de dispositif.
Si vous avez la chance de discuter avec un pilote de chasse, celui-ci vous garantira sans aucun doute que le cœur de son métier demeure le combat aérien dans un environnement permissif. C'est pourquoi, en oubliant même toute considération géopolitique, l'entrainement à la haute intensité est une priorité des armées occidentales. Une priorité parfois mise à mal par le sur-engagement des forces aériennes sur des multiples théâtres.
On n'en reparle ici bientôt, l'US Air Force, l'Armée de l'air et la RAF devraient nous livrer de jolis clichés sous peu. Pour le bilan il faudra sûrement attendre un peu plus longtemps (euphémisme !). Pour ce qu'on en sait, en 2015, le Rafale français s'était comporté à merveille.