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Zone de Défense Sud-Ouest - Bilan d'une année 2015 charnière

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L'Hotel du quartier général de Bordeaux accueillait la presse ce 5 novembre

La presse était conviée à un "petit déjeuner"à l'Etat Major de zone ce jeudi 5 novembre. L'occasion pour les journalistes - ou donc blogueurs - de faire le point avec les généraux en charge de la zone de défense et de sécurité sud-ouest sur l'état des forces françaises et des menaces auxquelles elles font face. 

Rendez vous de rentrée, ou de fin d'année, c'est l'approche du 11 novembre qui aura été retenu comme prétexte à cette rencontre. Un moment de mémoire et d'unité nationale qui illustre encore aujourd'hui l'engagement des armées françaises. De mémoire car outre la Grande Guerre, le 11 novembre commémore désormais les soldats tombés en opérations extérieures, d'engagement car celui-ci aura rarement été aussi intense qu'en cette année.
En effet, 2015 aura été, presque malgré elle, une année charnière. Les attentats de janvier ont eu pour effet quasi immédiat de mettre un frein à la déflation des effectifs militaires (ainsi que des budgets), en même temps qu'ils précipitaient l'engagement de milliers de soldats dans l'opération Sentinelle, mission de sécurité sur le territoire national.

C'est ainsi que le général de corps aérien Serge Soulet, officier général de la zone de défense et de sécurité sud-ouest (OGZDS-SO), également commandant des forces aériennes, et le général de division Christophe De Gouttes, adjoint engagement à l'OGZDS-SO et commandant de la zone Terre sud-ouest, présentaient un bilan de l'année écoulée.


La moindre déflation des effectifs, une « bouffée d'oxygène »

La crise sécuritaire que traversa le pays en début d'année eut pour effet de réveiller les consciences, notamment dans la classe politique. Et c'est ainsi que grâce à la clause de revoyure inclue dans la LPM,  des décisions fortes furent prises. Une moindre déflation des effectifs avec 18 500 postes sauvés et 3,8 milliards d'euros supplémentaires sur la période 2015/19, afin de pouvoir répondre à toutes les missions qui se présentent.
Des milliards qui viennent en partie régler le coût de l'augmentation de la masse salariale résultant de ces recrutements imprévus.

C'est à l'Armée de Terre que cela profite, elle qui a tant besoin de personnels. Elle dont les membres assurent des "mandats" de 6 semaines dans l'opération Sentinelle, là où pour des raisons assez évidentes de cœur de métier, cela ne sera que de seulement 15 jours dans l'Armée de l'air.
Dans le détail, il faut savoir que les deux tiers de la déflation concernent le soutien, qui est réorganisé, là où les recrutements se font selon des besoins bien identifiés, comme dans le cyber.

En zone sud-ouest, l'Armée de Terre avait pour ambition 1800 recrutement en 2015 (sur 15 000 au niveau national), chiffre qui "sera atteint sans difficulté". Le recrutement à Bordeaux cible d'ailleurs les universités, avec potentiellement de futurs officiers.
Et si vous vous posiez la question, il existe bien un effet des attentats de janvier sur le recrutement. 

Enfin, notons qu'ouvrira en janvier 2016 à La Rochelle l'un des 3 centres nationaux de service militaire volontaire, centres accueillant une centaine de jeunes en difficulté, et ayant pour vocation de former et intégrer au monde du travail.


SENTINELLE: « Le territoire national est un théâtre comme les autres. »

Un soldat le 14 janvier 2015 devant la Synagogue de Bordeaux

On connaissait le plan Vigipirate. Avec Sentinelle, qualifiée officiellement d'opération intérieure ou "OPINT", nous sommes passés à un stade différent.  Mission répondant directement à la menace terroriste rendue si tangible par les attaques de janvier 2015, Sentinelle a vu se déployer jusqu'à plus de 10 000 militaires au plus fort de la crise. Ce chiffre est aujourd'hui stabilisé autour des 7000, mais au regard de la totalité de l'année, ce sont près de 70 000 personnels qui y auront participé, et certains jusqu'à 3 fois !

"La plupart des unités de la zone sud-ouest participent ou participeront" affirme le général Soulet. 200 militaires patrouillent quotidiennement, principalement à Bordeaux et Toulouse, et sont dans la mesure du possible originaires de régiments de la zone (l'agglomération parisienne demeure largement la première consommatrice de personnels).
De plus, l'opération semble se dérouler de bien belle manière en zone sud-ouest, avec nous l'assurent les deux généraux, des preuves quasi quotidiennes reconnaissance de la part de la population vis à vis des hommes qui veillent pour la sécurité de tous.
En tout état de cause, "les soldats ont compris l'intérêt de la mission et ne la considèrent pas comme secondaire".

Cependant, si pour le moment l'opération Sentinelle est un succès, car elle rassure les civils d'une part, et il n'y a pas eu d'attentat d'autre part, elle pose des problèmes nouveaux pour les forces armées.
  • S'agissant des conditions de la mission premièrement: des carences ont été constatées partout en France quant aux conditions de vie spartiates des militaires. Sentinelle étant partie pour durer, et l'hiver arrivant, plus question par exemple de loger les soldats hors de bâtiments "en dur". L'amélioration des conditions de vie passe aussi par de petites attentions ! C'est ainsi que l'Etat Major de zone a négocié avec la mairie de Bordeaux des pass assurant la gratuité des musées et des transports aux militaires.
  • Deuxièmement la routine: des troupes formées pour la guerre moderne accepteront-elles encore longtemps des missions de patrouille en métropole ? Là encore, des efforts sont faits pour rendre l'opération sentinelle plus "dynamique", avec des patrouilles mobiles plutôt que des gardes fixes par exemple.
  • Enfin et surtout, le gros rythme qu'impose Sentinelle en matière de ressources humaines met-elle en danger la préparation opérationnelle des OPEX ? Une question que l'Etat Major espère voir réglée grâce aux recrutements permis par l'actualisation de la LPM... 

A noter que le Ministère de la Défense a spécialement créé une médaille, valorisant l'engagement dans la mission Sentinelle. Il faut 60 jours en Sentinelle pour être éligible.


Trois OPEX d'ampleur à assumer

L'opération Barkhane au Sahel (nous reviendrons très vite sur cette photo !)

La présidence de François Hollande restera marquée par un fort engagement des armées françaises, et ce sur plusieurs fronts. Fin 2015, trois opérations extérieures apparaissent comme primordiales:

Barkhane: L'opération Barkhane dans la bande sahelo-saharienne (BSS) demeure l'OPEX française majeure. Couvrant un territoire étendu comme l'Europe, ce qui représente un "véritable défi", elle consomme un grand nombre d'hommes et de matériels, qu'elle met à rude épreuve.  
Si Barkhane vise aujourd'hui à contenir les velléités de reprise du combat des GAT (groupes terroristes armés), et à porter des coups quand l'opportunité se présente, il s'agit maintenant d'y associer les pays du G5 Sahel, et pourquoi pas des alliés européens. 
Sangaris: En République centrafricaine, où stationnent encore 900 hommes, la France se positionne désormais en retrait, laissant la place à la MINUSCA. Cependant la "stabilisation n'est pas acquise" et on ne sait pas quand finira cette opération lancée fin 2012 et qui devait à la base durer six mois....  
Il convient à ce jour de préparer le déroulement des élections en RCA et d'assurer la sécurité des ressortissants européens. 
Chammal: C'est l'OPEX la plus médiatisée en raison de l'ennemi, l'autoproclamé état islamique. Principalement aérienne, mais s'appuyant aussi sur la formation via des forces spéciales, ainsi que sur une composante marine importante (une frégate, et bientôt de nouveau le groupe aéronaval du Charles de Gaulle), Chammal gagne en intensité avec l'extension de l'opération de l'Irak à la Syrie. 
La France entend aider l'Irak et les Peshmergas kurdes à contenir l'EI. Attention, elle n'y mène pas une action de destruction: "Eradiquer l'EI est hors de portée avec ces moyens.(...) Mais le renseignement, étendu au territoire syrien, est déterminant". En effet, ce dernier offre l'opportunité de frapper lorsqu'une cible est identifiée. Cela fut le cas par deux fois depuis le mois de septembre.

S'agissant plus particulièrement de la zone sud-ouest, elle est largement mise à contribution du fait de la forte présence en son sein d'unités des forces spéciales, parachutistes, ou d'hélicoptères.


Des Reaper pilotés depuis Cognac. Oui mais...

Quelques questions subsistaient enfin, particulièrement en ce qui concerne les capacités.
Sur la faible disponibilité des hélicoptères de l'ALAT, reconnue récemment par le CEMAT, l'Armée de terre compte bien s'inspirer de l'expérience des aviateurs en matière de MCO. Il ne serait à l'avenir plus question qu'un moteur d'hélicoptère "fasse le tour de France" lors qu'il doit être réparé ou révisé. Une procédure simplifiée qui ferait dans l'idéal directement appel au constructeur béarnais Turbomeca.

Quant aux drones - dont les problématiques d'emploi m’intéressent au plus haut point - le général Soulet a tenu à rassurer. Comme les pilotes de chasse, les pilotes de drone (à ce jour en France, c'est le même métier) respectent exactement des règles d'engagement très strictes, les mêmes règles, le général avouant toutefois que "nous souffrons de la mauvaise image de la politique d’assassinats ciblés menée par la CIA". Ceci dit, nos sont pour le moment non-armés.
Et il est bien question à moyen - ou court ? - terme d'opérer des drones Reaper depuis la France. Il s'agit là d'une question déterminante quand on pense aux problématiques d'éloignement du champ de bataille par exemple, mais le général Soulet assure que cela se fera uniquement "en cas de pic d'activité, pour soulager les pilotes déployés sur le théâtre" (une mission en drone MALE peut allègrement dépasser les 24h).

Un dernier questionnement: La réforme territoriale ayant pour effet la fusion des régions implique t-elle des bouleversements pour les armées ? A la fois oui... et non


Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes vont certes fusionner, mais étaient déjà toutes les trois partie intégrante de la zone de défense et de sécurité sud ouest. Aux côtés de Midi-Pyrénées... Or justement, cette dernière fusionnant avec Languedoc-Roussillon, qui appartient à la zone de défense sud, commandée depuis Marseille.
Une zone de défense et de sécurité est dirigée par un Préfet de zone, et ne regarde pas simplement les armées, mais aussi la sécurité civile, la police ou la gendarmerie.
S'il ne fait pas de doute que cette problématique est loin d'être dramatique et que le services savent depuis longtemps coopérer, on pourrait imaginer par exemple un épisode de fonte des neiges dramatique touchant la nouvelle région Midi-Pyrénées/Languedoc: La crise serait alors gérée depuis Bordeaux pour la zone sud-ouest, et depuis Marseille pour la partie orientale des Pyrénées située en zone sud... 

A ce jour, la question est sur la table. 

Les nouvelles régions françaises



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