![]() |
Bombardier SU-24 russe en flamme à la frontière turco/syrienne |
Rien ne semble actuellement pouvoir arrêter l'engrenage de la violence dans le conflit syrien. Ce matin, vers 9H20 heure locale, un bombardier russe a été abattu à la frontière turco/syrienne par la chasse turque qui lui reprochait d'avoir violé son espace aérien. Au moins un des deux pilotes est mort.
Rappelez vous, dans les premiers jours de l'intervention russe en Syrie, la Turquie avait abattu un drone russe le long de sa frontière. Les turcs avaient alors menacé la Russie de riposte appropriée si ces "provocations" venaient à se répéter. C'est ce qui s'est malheureusement passé ce mardi matin lorsqu'un chasseur F-16 turc, après avoir tenté de contacter une dizaine de fois le Sukhoï-24 russe, a abattu ce dernier.
Un Sukhoi Su-24 #russe abattu par la Turquie ! #Ankara dit "au-dessus de son territoire", Moscou répond "en Syrie"pic.twitter.com/gtLmN2o20t— Ulysse Paris (@ulyssepariser) 24 Novembre 2015
Pire, alors que les pilotes russes avaient pu s'éjecter au dessus du territoire contrôlé par les rebelles syriens, donc leurs ennemis, ils ont été pris pour cible par ces derniers alors qu'ils n'étaient pas encore au sol.
Pour être clair, il s'agit là d'une violation caractérisé du droit des conflits armés. Il ne fait, de plus, aucun doute sur la situation puisque des vidéos (insoutenables) montrent clairement d'une part, les rebelles tirer sur les pilotes, et d'autre part, exhiber le cadavre de l'un d'entre eux. L'Etat Major russe a annoncé la mort de ce pilote. Le sort du second est encore à confirmer.
Voici l'article 42 du Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949(Protocole I), 8 juin 1977, précise que:
Article 42 - Occupants d'aéronefs
- Aucune personne sautant en parachute d'un aéronef en perdition ne doit faire l'objet d'une attaque pendant la descente.
- En touchant le sol d'un territoire contrôlé par une Partie adverse, la personne qui a sauté en parachute d'un aéronef en perdition doit se voir accorder la possibilité de se rendre avant de faire l'objet d'une attaque, sauf s'il est manifeste qu'elle se livre à un acte d'hostilité.
- Les troupes aéroportées ne sont pas protégées par le présent article.
Et pour aggraver encore les choses, la mission SAR (Search & Rescue) lancée par les russes a connu un échec cuisant puisque l'hélicoptère MI-8 a été abattu par les mêmes rebelles. L'appareil a pu se poser et l'équipage constitué d'une dizaine de personnels se mettre à l'abri en territoire loyaliste avant qu'un missile ne vienne le pulvériser (là aussi des images sont disponibles).
Aussi sur le blog:Des pilotes s'entraînaient à la survie dans les Landes en octobre
Les rebelles en question sont des turkmènes qui combattent le régime de Bachar el Assad. Je ne m'avancerai pas sur leur allégeance, n'ayant pas pu trouver de sources sûres d'informations à ce sujet.
Vladimir Poutine a vivement réagi a l'incident, qu'il qualifie de « coup de poignard dans le dos de la part de complices de l’État islamique ». Le président russe a menacé Ankara de « conséquences sérieuses » et le Ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annulé une visite en Turquie et a conseillé à ses concitoyens d’éviter les voyages dans ce pays.
Militairement parlant, une première décision a été prise: tous les bombardiers russes seront désormais escortés de chasseurs spécialisés dans le combat aérien.
Côté occidental, les USA ont signifié par la voix de Barack Obama que « tout pays a le doit de défendre sa souveraineté ». A la demande de la Turquie, l'OTAN doit se réunir en assemblée extraordinaire.
La situation est donc extrêmement tendue sur le terrain et entre les chancelleries. C'est un coup dur pour la Russie alors que son lourd soutien aérien au régime de Damas semble payer sur les divers fronts ces derniers jours.
Une réaction est à attendre de la part de Vladimir Poutine, que François Hollande rencontrera vendredi à Moscou.
Hier soir, les Rafale du Charles de Gaulle bombardaient Mossoul
Et la France donc ? Pendant que le Président de la République réalise une tournée diplomatique auprès des principaux acteurs (Royaume-Uni lundi, USA mardi, Allemagne mercredi, Russie vendredi), le porte-avions Charles de Gaulle est arrivé lundi à destination en méditerranée orientale, quelque part entre Chypre et le Liban.
Le groupe aéronaval lançait ce mardi soir une seconde vague de frappes, sur l'Irak, après la Syrie lundi.
On apprend en effet sur le compte Twitter de l'Etat Major des armées (inauguré lundi !) que 4 Rafale Marine ont frappé une localité près de Mossoul, deuxième ville d'Irak et symbole de la grande offensive de Daesh en 2014. De là à en déduire que la France a privilégié des frappes sur l'Irak ce mardi car le situation dans le ciel syrien était déjà assez tendue.. il n'y a qu'un pas !
#Chammal - Frappes contre Daech en Irak par les avions du Charles-de-Gaulle https://t.co/4t0VqlkcRSpic.twitter.com/ynFXJfWyyI— État-Major Armées (@EtatMajorFR) 24 Novembre 2015
Pour en revenir à la diplomatie et à la tournée de François Hollande, les britanniques devraient bientôt venir nous seconder. Ce mardi à la Maison Blanche, les USA ont exprimé tout leur soutien à la France, mais aucune annonce "fracassante"à signaler. Les américains continueront leur action selon leur volonté propre.
Quant à la Russie, nous verrons vendredi ce qu'il ressort de la rencontre en François Hollande et Vladimir Poutine, mais en raison du climat extrêmement tendu qui règne maintenant, il sera difficile d'obtenir autre chose que des déclarations de soutien mutuel entre les deux alliés de circonstance.
La grande coalition unique que la France espérait former a peut-être déjà vécu.
Ailleurs le même jour, l'EI revendiquait un attentat kamikaze dans le Sinaï égyptien, et un bus explosait en plein Tunis, faisant 12 morts... Et l'on reparle même de la Libye.