Quantcast
Channel: Pax Aquitania
Viewing all articles
Browse latest Browse all 1379

Le choix du drone Patroller profitera à Poitiers, mais...

$
0
0

S'agissant du drone tactique de l'Armée de terre, la direction générale de l'armement a contre toute attente tranché en faveur du Patroller de Sagem. Un choix dont bénéficiera l'emploi en France. Mais qui pourrait s'avérer contre productif dans un autre dossier... Explications.

Longtemps, très longtemps, le contrat de renouvellement des drones tactiques de l'Armée de terre, évalué à 350 millions d'euros (budget alloué), aura été promis à Thales et son Watchkeeper. Le Patroller de Sagem faisait office d'outsider, et Airbus avait même abandonné en route.

Mais c'est donc finalement Sagem qui remporte la mise avec un contrat d'environ 300 millions d'euros pour 14 drones: 5 pour les opérations et 4 pour l’entraînement. Le Patroller remplacera les vieux SDTI Sperwer à partir de 2018.

Pourquoi est-ce une surprise ? Depuis 2010 déjà, le Watchkeeper de Thales, principalement produit à Aberporth au pays de Galles, avait les faveurs de l'Armée de terre, et même de l'actuel Chef d'Etat Major des Armées, le général De Villiers. Il bénéficiait de plus d'une bonne réputation après son emploi en Afghanistan par les britanniques (alors que le Patroller n'est en service nulle part). Et surtout, il était au cœur d'un programme commun pour les forces terrestres des deux nations depuis le traité de Lancaster House en 2011. Problème, il a fallu passer par un appel d'offres et donc ouvrir à la concurrence.
Et il semble bien que Sagem ait mis les bouchées doubles dans la dernière ligne droite, le Patroller affichant des performances largement au dessus de celles requises dans l'appel d'offres: 15h d'autonomie en vol, jusqu'à 250 kilos de charge utile (des capteurs, pas d'arme), et une altitude de 20 000 pieds. Aussi, la qualité des images fournies par la boule optronique du drone aurait été un argument déterminant. Comble de l'ironie, ces boules optroniques sont fabriquées à Dijon par... Thales*.

Selon une source à la DGA, "Le drone Patroller a gagné le contrat parce que ces performances étaient meilleures". Tout simplement ? Pas tout à fait.

Car choisir le Patroller, c'est choisir le "Made in France". Si l'on se réfère à la fiche technique, 80% du drone est français: le site d'Eragny a en charge la R&D, Thales à Dijon les boules optroniques donc, à Fougères sont conçues les cartes électroniques, l’intégration finale et le segment sol à Montluçon, et je garde le régional pour la fin, les caméras infrarouges à Poitiers !
Poitiers qui comme les autres sites bénéficiera donc des 300 emplois que le succès de ce contrat va permettre de créer. D'autant plus qu'il faudra compter sur l'armée française en opérations pour jouer le rôle de VRP vis à vis de futurs potentiels acheteurs...

Toutefois, ce choix pourrait avoir un gros revers. Le deal était simple, la France s'équipait du drone britannique et la Grande Bretagne optait elle pour les blindés français VBCI et le canon CAESAR. Un contrat autrement plus important dans les chiffres - et tout autant pour l'emploi - qui s'envole donc ?
Ceci dit, ne misons pas déjà sur une hyptothétique rancœur de l'autre côté de la Manche. Rien n'est encore perdu pour les blindés, et d'autres programmes franco britanniques bien plus ambitieux devraient voir le jour.

* Qui fournit les boules optronique du drone Watchkeepper de Thales alors ? Il s'agit de l’israélien Elbit Systems.


Un pas de plus vers le drone MALE armé en France

Un MQ-9 Reaper armé de l'US Air Force. Bientôt de même en France ?
« Les drones d’observation décuplent nos capacités de renseignement et d’action – mais nous n’en sommes qu’au début. Les théâtres d’opérations nous confrontent à des situations nouvelles – je pense en particulier à la question du « déni d’accès », qui peut remettre en cause notre liberté d’action aux endroits mêmes où nous sommes engagés. Dans ce cadre-là, certains de nos alliés ont déjà eu recours à des drones de combat, en faisant la preuve de leur efficacité. » 
Voici les mots du Ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian mercredi 20 janvier lors de ses vœux à la Défense, mercredi soir à l’hôpital du Val de Grâce. Une déclaration de plus qui vient s'ajouter à celles de haut gradés et qui laisse penser que la France se prépare bien à équiper ses drones MALE de missiles, comme le font les américains, britanniques, bientôt les italiens, et peut être même les allemands (!).

Lire aussi sur le blog: Le jour où la France armera ses drones


Attention il ne s'agit pas de la gamme de drones tactiques comme le Patroller mais bien ici de drones MALE comme le REAPER employé au Sahel par l'Armée de l'air et dont la France a commandé un nouveau système de 3 appareils (ce qui fera 6, puis sûrement 9, et enfin 12).

Nul ne sait vraiment aujourd'hui ce qui retient la décision politique qui fera franchir ce pas capacitaire à nos armées. Peur de la réaction dans l'opinion ? Peu probable dans le contexte actuel.
Regardons plutôt du côté du droit et des acteurs internationaux, car si l'emploi de drones armés ne contredit en rien le droit international humanitaire (même règles d'engagement que l'aviation de chasse), la pratique américaine, de la CIA notamment, a largement contribué à donner mauvaise réputation à cette stratégie, du côté des grandes ONG en particulier.

Une fois l'action enclenchée cependant, il s'agira de choisir si l'on veut armer nos actuels drones Reaper, ce qui inclut formation des équipages, retrofit des machines, baisses de capacités (car plus de charge) .... ou si nous miserons directement sur la prochaine génération de drone MALE, européenne celle-ci.

Lire aussi sur le blog: L'Europe aura son drone MALE en 2025




Viewing all articles
Browse latest Browse all 1379

Trending Articles