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Toujours pas de signature, mais un protocole d'accord ! /AFP |
Le petit monde de l'armement tricolore comptait sur la visite officielle de François Hollande à New Delhi pour lancer sur les chapeaux de roue l'année 2016. En effet, les voyants semblaient au vert pour une signature du fameux contrat pour 36 chasseurs Rafale avec l'Inde. Mais finalement, ça ne sera "qu'un" accord intergouvernemental (MOU), des détails financiers restant toujours à régler.
Encore une fois, nous avons été - moi le premier - trop optimistes ! Et c'est ainsi que vous ne verrez plus ce genre de titre sur le blog:
Lire aussi sur le blog: Rafale indiens - ça se précise pour une signature le 26 janvier
« Nous avons trouvé un accord intergouvernemental sur l'achat de 36 Rafale, à l'exception des aspects financiers », selon Narendra Modi, Premier Ministre indien. Dès son arrivée dimanche, François Hollande avait fait comprendre lui aussi qu'une signature n'interviendrait pas durant cette visite coïncidant avec la fête nationale en Inde (des français participent au défilé militaire, une première !). Tentant même une petite diversion en mettant en avant la lutte contre le terrorisme islamiste.
Néanmoins, un protocole d'accord ou MOU (Memorandum of Understanding) a été conclu entre les deux pays et a pour but d’entériner le choix de l'avion de chasse français. Et le Président français a qualifié cet accord d'« étape décisive pour que l'Inde puisse acquérir ces avions et pour que la France les mette à la disposition dun grand pays comme l'Inde ».
C'est donc une question financière. A quel prix ce contrat sera t-il finalement conclu ? On a un peu tout entendu dans la presse ces derniers jours. 6 milliards d'euros ? 8, 10, 12 milliards ?
Selon les bruits de couloir, 12 milliards, ce serait en effet le prix proposé par la partie française, tandis que les indiens espéreraient obtenir une réduction à environ 8 milliards d'euros. Du côté des offsets, Dassault propose 30%, les indiens demandent 50%.
Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, se montre lui toujours optimiste mais patient, dans une interview donnée à 20 Minutes :« Ils (les appareils, ndlr) seront fabriqués en France en majorité, comme c'était prévu dans l'accord initial. Mais nous commençons à faire un certain nombre de choses ici (en Inde). Nous amorçons le processus industriel. Nous avons un engagement fort au travers des "offset" (transfert de technologie, ndlr) pour faire une politique de "Make in India", c'est-à-dire de s’associer avec des partenaires industriels locaux pour développer l'industrie locale. Donc cela démarre avec le premier contrat pour 36 avions et nous l'espérons, cela pourra se poursuivre avec d'autres après. Mais pour l'instant, il n'y a rien de ce côté-là. Nous travaillons sur les premiers 36, mais c'est sûr que nous avons l'espoir de continuer après. »
A noter que ce MOU - à valeur pas forcément contraignante en droit international public - est suffisant pour que le groupe Dassault Aviation lui-même publie un communiqué très encourageant, annonçant même un accord sous 4 semaines !
Le communiqué de presse de Dassault Aviation
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Les émirats avant l'Inde ?
Pour le Rafale, le contrat suivant sur la liste devrait être du côté des Emirats Arabes Unis, si l'on se réfère à l'avancement des négociations. Un très beau contrat puisqu'il concernerait 60 appareils.
Mais avant que cette opération puisse se réaliser, les EAU aimeraient se débarrasser de leur Mirage 2000-9 achetés à la France dans les années 1990. Et un pays en particulier serait intéressé par une dizaine de ces Mirage: l'Irak.
Des discussions entre Bagdad et Abou Dhabi sont en cours, mais bloquent sur la "localisation" de ces appareils, les émiratis souhaitant qu'ils soient basés au Kurdistan irakien, condition qui ne passe pas du côté des acheteurs qui eux redoutent les velléités indépendantistes des kurdes...
Ajoutons enfin que la France, qui joue le rôle d’intermédiaire, a son mot à dire. D'une part, fortement impliquée dans le conflit irako/syrien contre Daesh, il serait intéressant de connaitre la position diplomatique de Paris dans cette affaire.
D'autre part, commercialement, la France a tout intérêt à ce qu'elle se réalise, d'autant plus qu'outre le contrat Rafale avec les EAU, elle pourrait aussi y gagner ceux de la formation des pilotes irakiens sur Mirage, de la maintenance de ces appareils, et de leur armement.
PS: export toujours, l'Egypte s'apprête à recevoir 3 nouveaux Rafale. Les 4,5 et 6ème donc (sur 24).