Il n'aura fallu que deux heures de débats, chose rare, pour que les Députés approuvent ce mardi un budget de la Défense réajusté pour 2016. Une hausse de 3,7%, que l'on attribuera à la prise de conscience découlant des attentas de janvier.
Lorsque la loi de programmation militaire 2014-19 (LPM) a été votée fin 2013, ses rédacteurs avaient eu la bonne idée d'y intégrer une clause de revoyure permettant, le cas échéant, un ajustement du budget afin de répondre au mieux aux crises sécuritaires que rencontreraient le pays.
Et cette actualisation de la LPM, c'est dès janvier 2015, quelques jours après les "attentats", que François Hollande lui donnait vie lors de ses vœux aux militaires sur le porte-avions Charles de Gaulle.
En effet, c'est principalement la nécessité de déployer sur le long terme des unités militaires en France même (opération Sentinelle), au plus fort de la menace 10 000, qui justifie la révision de la LPM. Finies les suppressions de postes, dans l'Armée de terre notamment. Les armées qui devaient subir une compression de 33 000 personnels d'ici à 2019 n'en perdront finalement "que" la moitié.
Et ces 3,8 milliards d’euros supplémentaires (sur 4 ans) serviront non seulement en terme de ressources humaines, mais également d'équipements. Car si Sentinelle touche la vie courante des français en métropole, il s'agit de ne pas oublier que la Défense du pays se joue avant tout sur les théâtres extérieurs !
L'actualisation de la LPM votée en juillet, c'était donc au tour du budget de la Défense 2016, directement impacté: 32 milliards d’euros. Et le Ministre Jean-Yves Le Drian de s'en féliciter: «Depuis 2009, il n’y avait pas eu un budget aussi sanctuarisé (...) et sans ressources exceptionnelles». La fin de l’hémorragie ? Possible, sûrement même, on se rapproche des 2% du PIB (norme otanienne selon laquelle un outil de défense demeure efficient).
La majorité, PS et Radicaux de gauche, a voté le texte, Les Républicains (qui approuvent mais votent... contre) et le Front de gauche, ont voté contre. Écologistes et membres de l’UDI se sont eux abstenus.
Enfin, des débats parlementaires, je retiendrai l'exemple de l’écologiste François de Rugy, qui milite pour, non pas un renoncement, mais une dissuasion nucléaire a minima. Les économies profiteraient aux opérations extérieures. Selon lui en effet, « La crédibilité des engagements de la France en Syrie, au Mali ou en Centrafrique ne repose en rien sur la dissuasion nucléaire mais sur les armements conventionnels ». A débattre...